Le Haut-de-jardin, niveau tout public de la Bibliothèque nationale de France, accueille chaque année près de 500.000 visiteurs. Ce lieu emblématique, par son architecture et son histoire, est traversé par les mêmes questionnements que portent depuis une trentaine d’année des bibliothèques publiques soucieuses d’abord de démocratisation de l’accès à la culture. En lieu et place du grand public attendu campe un public jeune, majoritairement étudiant, avec des usages dominés par le travail sur ses propres documents. L’impression est celle d’usagers d’abord consommateurs d’espace, peu sensibles à l’environnement institutionnel et aux services offerts. Il importait donc, en privilégiant une approche qualitative et ethnographique, de mieux comprendre les motivations de ce public : ce qu’est la Bibliothèque pour lui et les liens qu’il tisse avec elle. Contre les représentations hâtives, ce projet de recherche de 6 mois (2015-2016) a mis en lumière le fort attachement au lieu des personnes interrogées, qui se double d'un rapport positif et de confiance à la Bibliothèque comme institution. Le sentiment de sécurité apporté par le Haut-de-jardin, dans un cadre valorisant à la fois le travail intellectuel et l’usager, favorise l'élaboration d'une grande variété de projets studieux, dans des contextes personnels ou professionnels de plus en plus fragilisés. Le caractère sérieux de ce que l’on vient faire en Haut-de-jardin est pleinement assumé et valorisé par ses usagers, quels que soient leur âge et leurs statuts. Ils mettent en avant une démarche studieuse et volontaire qui va au-delà de la simple recherche d’un espace de travail, car elle exprime un besoin d’être soutenu et conforté dans ses projets.