La plupart des études sur la localisation auditive en champ libre ou la latéralisation au casque ont été menées sur un très faible effectif d'auditeurs, sur-entraînés à la tâche. Nous avons récemment décelé d'importantes différences entre 50 individus naïfs dans la capacité à localiser un son basse fréquence en champ libre, et identifié un lien entre sexe ou latéralité manuelle et asymétrie gauche/droite de cette capacité (Savel, 2009, Hearing Research). Dans l'étude présentée, nous avons mesuré sur 33 sujets naïfs la capacité de latéralisation au casque d'un signal basse fréquence dont on manipulait le décalage interaural de phase. Les sujets participaient à 5 sessions journalières. Nous avons observé une importante variabilité inter-individuelle au 1er jour, où les seuils individuels variaient de 5 à 33°. D'après une conversion logarithmique des seuils aux 5 jours et d'une modélisation exponentielle de ces seuils, nous avons pu déterminer que (1) l'apprentissage a généralement eu pour effet de diminuer le seuil initial par 2, et (2) la majorité des sujets avaient atteint leur seuil asymptotique avant le 5ème jour. La variabilité inter-individuelle était aussi importante dans les seuils asymptotiques (qui variaient de 2 à 19°) que dans les seuils initiaux, ce qui suggère que l'apprentissage ne suffit pas à gommer les différences entre individus. Le fait que 60% des 33 seuils asymptotiques mesurés soient supérieurs au seuil de 3° typiquement rapporté dans la littérature sur peu de sujets experts indique qu'une étude de latéralisation doit privilégier la taille de l'échantillon et diminuer de temps d'apprentissage. Enfin, nous avons observé sur 7 hommes droitiers le même avantage du côté gauche que celui observé précédemment en champ libre, ce que nous interprétons comme l'influence du sexe et de la latéralité manuelle sur la spécialisation de l'hémisphère droit dans l'audition spatialisée.