Le terme d'interventions non médicamenteuses (INM) fait référence aux protocoles de prévention santé et de soins à dominante corporelle, nutritionnelle ou psychosociale et supervisés par un professionnel de la santé. Contrairement aux médicaments et aux dispositifs médicaux, aucun modèle consensuel d'évaluation de ces interventions complexes n'existait avant cette étude en raison de l'hétérogénéité du contenu des interventions et des protocoles d'étude. Cette hétérogénéité limitait la transférabilité des bonnes pratiques et entraînait une grande méfiance à l'égard des INM de la part des professionnels, des usagers et des opérateurs de santé. L'étude a consisté à co-construire un cadre consensuel d'évaluation des INM, qui réponde à la fois aux spécificités de ces pratiques de santé et aux standards internationaux de la recherche dans le domaine de la santé. Méthode L'étude a impliqué l'ensemble des acteurs concernés en France, académiques et non académiques, chercheurs, usagers, professionnels de la prévention et du soin, opérateurs de santé, sociétés savantes et autorités de santé. Le cadre a été co-construit sous la direction d'un comité pluridisciplinaire de 22 experts par des échanges itératifs, ouverts et suivis, en quatre étapes successives: travaux en comité restreint, travaux en comité élargi, vote ouvert par collège, et consultation des autorités de santé et des sociétés savantes. Résultats Le cadre d'évaluation des INM, appelé "modèle NPI", comprend 14 invariants éthiques et 63 invariants méthodologiques répartis entre cinq types d'études : mécaniste, observationnelle, prototypique, interventionnelle/clinique et d'implémentation. Il a reçu le soutien de 28 sociétés savantes et de 3 autorités de santé françaises. Conclusion La création d'un cadre standardisé d'évaluation des INM pour le système de santé français présente plusieurs avantages: (1) il harmonise et clarifie les attentes épistémologiques, méthodologiques et éthiques des études évaluant les INM pour les chercheurs et promoteurs d'études; (2) il assure une meilleure transférabilité des résultats des études pour une meilleure garantie des bénéfices sur la santé et une meilleure sécurité des pratiques; (3) il garantit l'efficience des programmes pour les professionnels des secteurs de la santé, de la prévention et de l'accompagnement; (4) il assure la mise en oeuvre de pratiques efficaces et sûres pour les usagers; (5) il contribue à une meilleure compréhension des INM par les décideurs et les régulateurs; (6) il assure une meilleure traçabilité des INM pour les opérateurs de santé; (7) il fournit des solutions intégrables dans les stratégies de financement des systèmes d'assurance et de solidarité sociale.